Voilà qui fait mentir mon précédent billet, lorsque je déplorais que l'échec d'une femme en particulier conduisait à considérer que toute autre femme échouerait. Et bien pas à Clermont semble-t-il, puisque Corinne Diacre a été nommée entraîneuse de l'équipe (masculine) de Ligue 2, pour succéder à Helena Costa.
Mais - car il y a un mais! - voilà les médias qui s'empressent de préciser que Mme Diacre vient d'obtenir son Brevet d'entraîneur de football professionnel. Lequel diplôme étant soi-disant nécessaire pour exercer à ce niveau, et Corinne Diacre étant soi-disant la première femme à l'obtenir.
Les Nouvelles News prennent la peine d'aller un peu plus loin. En réalité, Elisabeth Loisel a déjà obtenu ce diplôme en Validation des Acquis. Ensuite, plus d'un entraîneur de Ligue 1 exerce sans posséder ce brevet.
Alors, des exigences plus élévées pour les femmes?
Ce n'est pas nouveau que les femmes pensent toujours devoir en faire plus (plus de diplômes, plus d'expérience) avant de s'estimer assez compétentes pour un poste. On sait que statistiquement un homme postulera à un job s'il estime avoir 50% des capacités requises par la fiche de poste. Une femme ne postulera que si elle estime posséder 80% de ces requis. Et comme qui ne tente rien n'a rien...
Ma seconde réaction a donc été: "Mais pourquoi s'est-elle cassée le <bip> à passer ce foutu brevet alors que certains de ses collègues se sont sans doute contentés de faire connaître urbi et orbi leurs ambitions et leurs compétences?" Je ne connais pas le milieu du foot professionnel, et j'imagine que Corinne Diacre connaît les règles du milieu. Mais lui a-t-on seulement permis de faire jeu égal avec ses confrères?
Edit 16/07/2014:
En réalité, Helena Costa aussi est titulaire de diplômes prestigieux. Cet article très intéressant précise qu'"elle dispose d’un bien meilleur CV que la plupart des entraîneurs Français mais il lui reste la légitimité et la crédibilité à acquérir sur le terrain". ça vous rappelle quelque chose? Ben oui, c'est caractéristique de nombreux parcours pro féminins. Et donc, au-delà du "coup de com'" qui leur a été reproché, Clermont foot cherchait sans doute à se doter d'un très bon entraîneur mais à moindre coût.
L'article m'a été transmis par Dominique Crochu qui connaît très bien le thème de la mixité dans le football pour avoir travaillé des années à la FFF, merci à elle :-)