Je vous avais parlé de ce documentaire un peu plus tôt, et j’ai pu le voir aujourd’hui. Je l’ai trouvé pas mal du tout, même si ce genre de doc à toujours le même inconvénient : celui de n’être probablement vu que par un public déjà convaincu. Même si l’Equipe en a parlé (!) je doute de sa portée auprès du grand public, et le fait que ce soit Canal + qui le diffuse le rend encore plus confidentiel. Pourtant c’est le genre de chose qu’à l’instar de La Domination Masculine, je verrais bien diffusée dans les lycées, avec débat à la clé.
Le tabou de l’homosexualité dans le sport à tout à voir avec le sexisme : « On est pas des pédés » signifie aussi bien « On est pas des gonzesses ».
Le documentaire se focalise beaucoup sur l’homophobie dans le sport masculin, ce qu’on ne peut pas vraiment lui reprocher au vu de la part prise dans les médias par ce dernier. Néanmoins, l’homosexualité féminine est bien abordée, en soulignant la différence avec lesgarçons ; il rappelle notamment que la sportive lesbienne reste finalement moins "menaçante" que l’hétérosexuelle puisque pour beaucoup elle n’est alors « pas vraiment une femme », ce qui rassure les machos : ouf ! pas de femme qui me menace. Seulement un « demi-homme » pour reprendre la déclaration assassine de Martina Hingis, frustrée de sa défaite contre Amélie Mauresmo.
Car les homos, tout comme les femmes, ne dérangent pas tant qu’ils ne sont pas en position de force. La coach du BK Paris Softball Club, un club LGBT témoigne dans ce sens : tant que son club perdait face à tous ses concurrents, ceux-ci étaient très cordiaux ; c’est lorsqu’il a commencé à gagner ses matchs un par un que ses membres ont commencé à subir des remarques homophobes, voire des agressions.
Il y a également une remarque percutante du footballeur prodige gay Justin Fashanu : « What makes a man, a man ? » Il poursuit : « S’il faut boire 15 pintes, s’il faut se battre, je peux le faire aussi, alors… » Il pousse dans leurs retranchement tous les machos footballeurs: si les homos peuvent jouer au foot – et en plus très bien – que leur reste-il ?
J’ai aussi beaucoup aimé les interventions de Brigitte Boréale (présentatrice de Pink TV), en particulier quand elle répond très justement à ceux qui se demandent pourquoi il y a autant de lesbiennes déclarées dans le basket féminin (mais ç’aurait tout aussi bien pu être le foot ou le rugby) : « Pourquoi y a-t-il si peu d’homos dans le basket masculin ? ».
L'homophobie et le sexisme dans le sport, même combat, donc: les homos comme les femmes remettent dangeureusement en cause la virilité de ceux qui la placent dans leurs performances sportives.
Enfin, le documentaire rappelle que la natation synchronisée n’est toujours pas ouverte aux hommes, pourtant c'est beau, regardez la vidéo. Je n’y pensait pas, mais à l’heure où les femmes se battent pour faire du saut à ski une discipline olympique, il est bon de garder à l’esprit que l’évolution des mentalités ne doit pas se faire que dans un sens (ça vaut aussi pour moi, donc)
Pour les chanceux qui ont Canal + à la demande, le documentaire reste disponible pendant un mois.
Pensez-y, il vaut le coup.