Au-delà du côté "croustillant" de l'anecdote, dont l'intérêt en terme de trafic sur la page est évident, la démarche m'interpelle.
L'article est mal fichu et l'allusion à la jeune tenniswoman qui s'est faite réduire une poitrine trop volumineuse n'a rien à faire là: ça n'est un secret pour personne que des seins trop gros sont handicapants pour faire du sport, (et même pour les sports typiquement féminin comme la danse, la gym ou l'équitation). Là, il s'agit de rendre la pratique sportive plus aisée, alors que le recours à la chirurgie de Jana Pittman n'avait qu'un but esthétique.
Nous avons ainsi une sportive de haut niveau, double championne du monde du 400m haies (en 2003 et 2007), donc pas la première amateure venue, qui se sent mal avec ses petits seins au point de se décider pour une opération qui va perturber son entraînement, modifier ses sensations, ou peut-être altérer ses performances. Je m'en doutais un peu: c'est en fait après une rupture que l'athlète a pris cette décision. Quelqu'un qui n'aime plus son image dans une période difficile, c'est compréhensible après tout. Elle ne supportait plus d'avoir "des bras musclés, de larges épaules et de grandes et fortes jambes».
Mais surtout, elle résume l'impossible équation qu'on impose aux sportives: "c'est indispensable pour courir vite, mais c'est difficile de se sentir féminine."
C'est une championne du monde qui le dit. On mesure alors combien pèse ce devoir de féminité sur le commun des mortelles.
On aura beau maquiller les sportives, les faire poser nues, tant qu'on n'admettra pas qu'on puisse être une femme même avec "des bras musclés, de larges épaules et de grandes et fortes jambes", rien ne changera.