Roland-Garros vient de commencer, et peut-être savez-vous que ce n'est que depuis 2007 que les dotations pour les tournois masculins et féminins sont les mêmes. Mais ce n'est pas encore le cas partout. Une des membres de la communauté Courir au féminin a récemment raconté sa mésaventure: en course à pied, la première féminine ne reçoit pas toujours un lot équivalent au premier prix masculin.
"Grandes" courses prestigieuses, comme "petites" courses de village, rechignent à observer la parité des récompenses. Bien sûr, à haut niveau l'injustice est plus tangible. Mais au niveau amateur la symbolique reste la même: la première femme vaut moins.
Il paraît que c'est "plus facile" pour les femmes car il y a moins de concurrence. On me parle souvent du pauvre monsieur qui termine juste devant la première féminine: lui n'aura rien car il est 60e, tandis qu'elle, elle profitera d'un beau cadeau en étant première sur 10.
Oui, les femmes font des temps bien supérieurs aux premiers hommes, et sont moins nombreuses à participer. Faut-il pour autant asséner "T'as couru moins vite et c'était plus facile, donc tu mérites moins?". Certains sont bien prompts à brandir la notion de mérite...
Où a-t-on vu que le sport en compétition se préoccupait du mérite? J'ai un ami qui fait des temps canons sans préparation, et j'en ai un autre qui s'entraîne sans relâche pour toujours terminer derrière. Le dépassement de soi est un ressenti personnel; le chrono, lui, est injuste. On sait seulement que l'âge et le sexe influent sur la performance, d'où l'existence de catégories. Je remarque d'ailleurs qu'il ne viendrait à l'idée de personne de supprimer les récompenses pour les V4 (plus de 70 ans) qui sont si peu qu'il leur suffit souvent de finir la course pour faire un podium.
Amies coureuses, ne remballons pas tout de suite nos runnings, mais ouvrons notre bouche! Les courses qui ne respectent pas la parité auront à faire face aux critiques de runneuses toujours plus nombreuses. Car même si le plaisir de courir doit être le premier moteur des courses populaires, on ne peut espérer attirer plus de femmes si on continue de maintenir celles qui y participent dans l'ombre. Et ne boudons pas notre plaisir en participant aux courses réellement paritaires - oui, il en existe! -.
Photo 1: Les vainqueurs du marathon de Berlin 2010, j'en parlais là. (Source)
Photo 2: Christelle Daunay arrive 2e au Marathon de Paris, accompagnée de son mari. (Source)
Photo 3: Maud Combarieu a terminé première féminine du semi-raid de la Réunion 2009 (77 km quand même) (Source)