Chaque année, lors du marathon de Paris, revient dans les médias généralistes LA question: Mais qu'est-ce qui pousse tous ces gens à se lever un dimanche matin pour courir 42 km et des brouettes, sans compter l'entraînement de plusieurs semaines qu'ils se sont farci, certainement au prix de sacrifices inhumains comme se priver de téloche?
Le Monde ne fait pas exception mais ce qui m'a estomaquée dans leur article c'est qu'on se croirait dans un monde... sans femmes. Pas de marathoniennes interviewées, les "experts" sont des hommes bien sûr. Une vague allusion à la prime "chez les hommes" soulignerait peut-être en creux qu'il existe un "chez les femmes" mais ce n'est pas précisé. Et toujours on parle "des marathoniens", des coureurs". Heu, ça coûte plus cher d'ajouter "marathoniennes", " coureuses"?
Le problème? Un article qui ne reflète absolument pas la réalité. Bien sûr, les femmes sont minoritaires sur marathon, représentant 1 participant sur 5 environ, mais il me semblait que cette sous-représentation aurait été plutôt digne d'intérêt. Notons bien que cette année c'est Le Monde, mais l'année prochaine ça pourrait être un autre journal...
Les motivation des femmes, ça ne vous intéresse pas? Peut-être le journaliste a-t-il pensé que ça allait encore être "pour garder la ligne et rentrer dans mon maillot cet été" comme la totalité des magazines féminins peuvent le faire croire? Il aurait dû aller vérifier. Peut-être n'a-t-il "pas trouvé" de femmes prêtes à témoigner. Qu'il tape "marathon féminin" dans Google. Peut-être ne sait-il pas qu'il y a, hors Elite, des femmes qui courent pour le plaisir? Alors il n'a rien à faire au service sportif du Monde.
Les motivations des femmes ne sont pas fondamentalement éloignées de celles des hommes, mais elles comportent des nuances, compte tenu que le sport féminin est connoté différement du sport masculin.
A la conférence de presse du Marathon des Sables (oui je me la pète...merci Les Nouvelles News), l'ultra-fondeuse Laurence Klein (d'ailleurs vainqueur de l'épreuve cette année) a été prolixe sur ses motivations personnelles de compétitrice, mais aussi plus généralement sur l'engagement de certaines femmes sur la course de fond: "Après avoir eu des enfants, parce que c'est facile à caser dans l'emploi du temps, elles se mettent à courir, puis s'inscrivent à des courses". "C'est aussi un moyen d'exister au-delà du statut de mère de famille et d'épouse".
Dommage vraiment. L'occasion ratée de traiter un marronnier de manière intéressante.
La BD "Le Marathon de Safia", de Didier Quellat-Guyot et Sébastien Verdier raconte l'histoire d'une jeune fille musulmane qui rêve de devenir marathonienne contre l'avis de sa famille.
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