...ça commence un peu à me chauffer, cette histoire de jupette se retrouve partout.
Le manager du club de basket féminin de Lyon (qui monte en 1ère division à la saison prochaine) déclare, dans cet article de Monde qui n'était pourtant pas si mal: "Notre volonté, c'est de faire jouer les joueuses en femme". Leur maillot est en fait une robe...
Ce magnifique double pléonasme pourrait prêter à sourire si sa signification n'était pas si révoltante. Il ne suffit donc pas d'être une "joueuse" de basket pour être une femme, non non. Il faut au moins une jupe pour le devenir...
Et puis j'ai reçu par mail un pub pour Quechua, la marque de Décathlon, sur "la Randonnée au féminin" , pleine de titres accrocheurs du genre "restez féminines en randonnée", "les femmes ne randonnent pas comme les hommes", "sculptez votre corps en douceur". Là j'ai vraiment bloqué. Faire de la féminité le principal argument de vente, c'est enfermer et conforter les femmes dans un rôle décoratif. En rando on regarde le paysage, pas les fringues des autres, épicétou.
Il est clair que fournir aux sportives des équipements adaptés à leur morphologie est essentiel: ça participe à la reconnaissance du sport féminin. Et puis je suis la première à apprécier des tenues sportives seyantes (d'ailleurs, le jour où Décathlon nous sort des maillots de foot cintrés, je les dévalise, mais là, bizarrement, que dalle).
En outre, les préjugés abondent sur les femmes considérées comme trop apprêtées; comme si avoir les ongles vernis empêchait d'être une bonne demie de mêlée. On parle peu de l'injonction de non-féminité qui peut exister dans les milieux sportifs. J'ai une copine que ses coéquipières appelaient "pouffiasse" parce qu'elle avait de jolis cheveux et qu'elle se maquillait. Voilà une ambiance qui n'incite pas forcément d'autres jeunes filles à participer.
Mais considérer la féminité comme un critère obligatoire et prépondérant, non. D'abord, on fait bien ce qu'on veut de son corps et de son apparence. Demande-t-on aux hommes de "rester viril pendant le sport?"
Et puis la féminité est extrêmement contraignante, et aux antipodes du modèle sportif.
C'est pourquoi faire l'équation: plus de féminité = plus de médiatisation sportive, est totalement hypocrite. Parce qu'on aura beau mettre des jupes et des frousfrous partout où on peut, les sportives ne rentreront pas dans ces normes. Même avec une robe, la basketteuse gardera ses biceps.
Et toutes les randonneuses puent des pieds à l'arrivée.