Ce billet, là, appelait bien sûr une antithèse car la question de la mixité n'est peut-être pas si simple, et on ne peut finalement pas se réduire à une bataille de gentils républicains VS infâmes réacs comme je l'ai longtemps cru.
Ce qui m'a le plus perturbée, c'est conjointement cette expérience menée en Suède dans une maternelle et rapportée dans Le Monde (maintenant l'article n'est plus en accès libre).
Elle consiste à ménager des plages horaires de récréation où garçons et filles sont séparés. On avait remarqué, même en Suède, que lorsque la récréation était mixte les enfants adoptaient des comportement sexués: les filles jouaient sagement à la poupée à l'intérieur tandis que les garçons envahissaient les toboggans. Et lorsqu'on les sépare, magique: les filles réinvestissent l'espace de la cour jusque là occupés par les garçons, et ceux-ci jettent leur dévolu sur la dînette. Personnellement, je n'ai jamais hésité à jouer à la bagarre dans la cour, mais il me semble clair que l'opposition féminité - virililté est sociale: les garçons ne font pas ce que font les filles. Ajoutez-y les stéréotypes dispensés par les parents, et hop! Dans cette optique, séparer de temps en temps les sexes me semble adapté.
Et en EPS? L'intérêt pourrait être le même: se libérer un moment de l'"influence" du sexe opposé pour apprécier le sport, sans complexes d'infériorités de part et d'autres. Un exemple assez parlant est celui des courses exclusivement féminines qui se multiplient. Je n'aime pas forcément tout, car souvent les organisateurs en rajoutent sur le côté "fifille", mais force est de constater que cela amène beaucoup de femmes à courir. Même si ce n'était pas ma première course, celle qui m'a donné le déclic c'était la Toulousaine, en 2006. Je m'en rappelle encore, tiens... ce qui m'avait plu c'était la distance courte, et le mot d'ordre: "vous allez y arriver!" J'ai adoré l'ambiance de solidarité qui régnait (même si les autres courses sont comme ça aussi!)
Les femmes qui débutent par ces courses féminines le font pour accompagner des copines, pour rigoler, et parce que l'image du coureur aux os saillants, tout fluo, concentré sur son cardio, la mâchoire serrée... les découragent de commencer par des courses mixtes. Je le sais, j'étais pareil (et maintenant, je suis toute fluo avec un cardio mais je suis tout de même gentille).
Vous l'avez compris, l'intérêt de la non-mixité, pour moi, serait de mettre en confiance, pour faire ses armes sans regard dévalorisant ou l'impression de ne pas être à sa place. Idéal pour démarrer donc, dans la vie ou dans un nouveau sport, à condition d'accepter de passer à la mixité à un moment donné.
J'ai adoré mon judo mixte, mais j'aime mon foot exclusivement féminin; au collège j'ai regretté d'apprendre le hand avec les garçons, mais je suis ravie d'avoir joué au rugby avec eux à l'université...
Il y a beaucoup à dire sur la question, ainsi "Mixité" sera le nom d'une nouvelle catégorie d'articles sur Entrées en Lice, histoire de creuser la question. Ce n'est pas fini, donc!
Crédit photo: la Toulousaine