C’est l’insulte la plus souvent balancée. Je pense sincèrement qu’elle est peu à même de toucher celles qui s’épanouissent dans leur sport et qui sont fières de leur corps ; mais quels dégâts cela peut faire sur des femmes qui n’ont pas confiance en elles !
J’avais déjà eu l’occasion de m’énerver sur ce sujet dans ce billet, c’est d’ailleurs ce qui est à l’origine de cette petite série.
On ne sait plus quoi faire des injonctions dont on nous bombarde : « Aie des seins et des fesses mais reste mince, mets-toi au régime mais ne soit pas maigre… » et à présente « Fais du sport mais ne sois pas trop musclée… ». Tout comme les femmes font régimes sur régime pour coller au modèle de minceur, elles se tiennent consciencieusement à l’écart d’une pratique sportive régulière, ou «pire », en compétition, pour rester « féminines ». (je reviendrai d’ailleurs aussi sur cette notion de féminité).
Je préviens, je ne vais pas balancer des photos d’athlètes en petite tenue pour faire mentir ce poncif. (Désolée pour les quelques visiteurs que Google m’amène régulièrement sur une requête « photos de sportives nues »). Entre autres parce que les quelques sportives qui trouvent grâce aux yeux des médias ne doivent rien à leur pratique mais tout à la génétique.
Appuyons plutôt là où ça fait mal : la pratique intensive du sport modifie le corps d’une manière assez peu conforme aux canons de beauté actuels et à la vision qu’on se fait de la féminité*. Et tant que nos représentations de la femme resteront figées, on continuera de trouver les sportives moches en général.
Je concède que c’est bien peu vendeur pour inciter des adolescentes à pratiquer un sport. Mais mettre en avant les seules sportives de haut niveau labellisées « féminines », comme on le fait souvent, n’est une bonne méthode qu’à court terme. D’une part, c’est finalement admettre qu’une femme n’est digne d’intérêt que si elle est belle à regarder et désirable, quoi qu’elle fasse. D’autre part, c’est peut-être jouer sur le mauvais terrain, car plus que les sportives, c’est leur activité en elle-même qui dérange…
…C’est d’ailleurs le sujet du prochain billet : « Le sport féminin, c’est moche. »
* fragilité, délicatesse, grâce…c’est bien joli, mais ça n’aide pas à porter ses valises toute seule.