Quand on est la seule femme d'un groupe, on est malgré soi LA FEMME. Nos actions et paroles seront interprétées comme du fait des femmes en général. La plupart des membres du groupe utiliseront leur ressenti pour tirer de larges conclusions sur les femmes, et surtout sur les différences hommes-femmes, sans se preoccuper des differences individuelles. Dans tous les domaines:
"Les filles c'est des pleureuses quand même, il y en avait une dans mon club d'athlétisme, toujours à se plaindre quand il pleuvait."
"Les femmes ça fait toujours des histoires. Il y en a une dans mon bureau, elle est toujours à parler dans le dos des gens"
"Les nanas, l'égalité c'est quand ça les arrange. Il y en a une dans mon équipe, elle veut jamais porter un carton, même un petit."
"Les femmes elles sont quand même moins courageuses que les hommes, il y en avait une dans mon assoce de VTT, elles voulait jamais faire les descentes à fond.
Que faire alors? A moins de parrainer le plus de copines possibles dans le groupe pour démontrer que les femmes ont des personnalités aussi diverses que les hommes, je pense qu'il n'y a pas d'autre choix que d'endosser ce rôle de représentante du genre féminin.
Je fais/j'ai fait pas mal de sport ou de rando avec des mecs, et je dois avouer que j'essaie d'eviter a tout prix de me conformer aux stéréotypes: je ne me plains jamais d'avoir mal, d'être fatiguée ou d'avoir chaud/froid/humide, je suis volontaire pour porter l'équipement, je vais au contact pendant l'entraînement, je n'admets jamais avoir peur et je ne refuse jamais de faire l'exercice en premier si on me propose. Et ces deux derniers ne sont pas simples : je flippe facilement, et j'appréhende assez le regard des autres.
Vous pensez que j'enfonce des portes ouvertes, car c'est la base de la vie en société, de se conformer aux règles du groupe? Tout à fait. Mais des femmes exigent encore d'être traitées différemment sans reelle raison (on ne peut pas tous porter les caisses lourdes, mais tout le monde peut participer au rangement...), tout comme nombre d'hommes insistent pour réserver des traitement différents aux femmes. J'en avais parlé ici.
Ou alors vous pensez que je ne m'autorise pas à être moi-même au nom de principes féministes à deux balles, et que c'est complétement idiot? Peut-etre, mais laissez-moi me defendre. Oui, c'est injuste, car il y a des hommes qui se plaignent, qui sont feignants et froussards. Oui, ça confirme que les femmes doivent toujours faire plus pour être reconnues et acceptées, et oui, quelque part je ne fais que perpétuer ça. Mais il s'avère qu'en sortant de ma zone de confort, j'ai découvert pas mal de choses sur moi.
Que je surestime au moins autant les risques, que je sous-estime ma résistance à la peur.
Que ma force physique est plus importante que je ne me l'imagine.
Que quand je crois que je ne peux plus, je peux encore un peu.
Que je me sens moins mal à l'aise quand j'arrive à l'entraînement avec du poil aux pattes mais à l'heure, qu'en retard pour cause d'épilation de dernière minute (j'aurais pas cru).
Et que personne ne s'écroule de rire quand je mène l'échauffement ou le jeu.
C'est bien en essayant de m'affranchir de comportements soi-disant "féminins" que je parviens à être (un peu plus) moi-même. Alors si en plus mes petits camarades oublient leurs préjugés sexistes, pourquoi se priver?
Image trouvée ici
.