J'ai très rarement rencontré des gens choqués par ma pratique du football. Au contraire, j'ai souvent trouvé mes interlocuteurs intéressés, même impressionnés. Même si ça me fait soupirer d'entendre "Et vous faites des matchs sur grand terrain? ça dure 90 minutes aussi? Wouahou!", pour une femme c'est carrément valorisant de pratiquer un "sport d'homme".
Et celles qui font des sports "traditionnellement féminins"? Je suis toujours surprise quand je les entends dénigrer elle-même leur pratique: "Ah, moi, je suis un vrai cliché, j'ai fait de la GRS pendant 10 ans..."
"Moi je fais de l'équitation, c'est un peu nunuche de brosser son poney mais bon...".
Pardon?
Et je suis encore plus surprise, quand je parle de promouvoir le sport féminin et que je me heurte à une vraie agressivité:
"Ben moi je fais de la danse depuis mes 5 ans, je suis une vraie cruche sans cervelle, c'est ça? Maintenant faut faire du catch pour prouver qu'on est pas des gourdes?"
On se calme.
On est en présence de ce qu'on appelle une "double contrainte". D'un côté les femmes sont incitées, par les médias, leur entourage, à pratiquer des sports censés les rendre belles et gracieuses. Mais d'un autre côté, on a pas mal d'admiration pour les femmes qui pratiquent des sports plus violents et physiques.
Un exemple tout bête: énormément de jeunes filles pratiquent la gymnastique. Mais dans les médias, on voit bien plus de footballeuses et de tenniswomen. Qu'on ne se privera pas de critiquer sur leurs muscles trop apparents.
Ce qui est bien c'est que comme ça on a toujours tort. On est soit une cruche, soit un cageot. L'idéal qu'on devrait atteindre, c'est Lara Croft: une héroïne ultra-physique, mais glamour, qui enchaîne les aventures dans la jungle sans auréoles sous les bras et sans que ses seins ne ballotent. Elle n'existe pas? Zut alors.
On n'est pas dans une guerre de valeurs, à discuter des mérites comparés de la lutteuse et de la patineuse. Au lieu d'en vouloir à ces horrible féministes qui, en plus d'être velues, veulent empêcher les petites filles de vivre leurs rêves de rubans et de cerceaux, il serait judicieux de se rendre compte que ce ne sont pas elles qui dévalorisent systématiquement les activités dites "féminines" pour encenser celles dites "masculines".