Des femmes sportives, OK, ce n'est plus une rareté. Mais des femmes qui dirigent et entraînent une équipe, masculine ou féminine, c'est encore exceptionnel. Cet article de Rue89 recense, à divers niveaux, les raisons de cette disparité, au sens de non-parité. Faible vivier de départ, sacrifices exigés pour devenir entraîneuse, conditionnement dus à l'éducation...
L'article oublie cependant un point (même si ce n'est pas le sujet... voir le titre): c'est bien de se demander si des joueurs masculins sont prêts à se faire coacher par une femme (et je pense que la réponse n'est pas si évidente), mais a-t-on demandé aux joueuses ce qu'elles préféraient?
Peut-être qu'il est communément admis qu'une coach entretiendrait "naturellement" des liens forts avec "ses" joueuses, mais toutes les sportives ne sont pas de cet avis. Je suis plus à l'aise avec des coachs hommes, beaucoup de mes coéquipières aussi. Comment l'expliquer? Je n'aime pourtant pas les attitudes de "coq" qu'ont pu avoir certains de mes coachs au milieu de leurs joueuses, mais j'appréciais surtout la vision distanciée qu'ils avaient. Ce n'est certainement pas que les femmes sont incapables de prendre du recul, c'est surtout que le fait de ne pas être dans la "bande de filles" que nous étions qui lui permettait de l'avoir. Parce qu'une entraîneuse c'est encore rare, encore curieux, elle peut être tentée de coacher "différement des hommes" pour se démarquer et jouer sur la corde "solidarité féminine". Ce qui ne passe pas toujours bien: le coach dirige le groupe, est proche du groupe, mais n'est pas dedans!
Mais les entraîneurs masculins d'équipe masculine alors? On ne leur reproche rien? Moins, parce qu'eux ne sont pas attendus au tournant. On ne leur demande pas de prouver leur valeur ajoutée, on ne se demande pas ce qu'il peuvent apporter de plus en tant qu'homme. Ils ont donc pleine latitude pour choisir leur méthode.
Mais je n'en démords pas: avoir un coach de l'autre sexe, c'est l'apport d'un semblant de mixité dans un groupe plutôt fermé, surtout dans les sports co où par la force des choses tout le groupe est d'un seul sexe. ça permet aux joueurs ou aux joueuses de prendre conscience de conditionnements ou de stéréotypes liés à leur sexe. L'entraîneur va pousser ses footballeuses à oser frapper au but au lieu de faire la passe indéfiniment aux copines, l'entraîneuse va apprendre à ses judokas qu'une technique bien travaillée est souvent plus efficace que la force pure.
Olivier Krumbholz, entraîneur de l'Equipe de France féminine de Handball (photo trouvée ici)
Silvia Neid, entraîneure de l'Equipe Allemande de Football (photo trouvée ici)